emmélie adilon
des marches et des rives...

PEINDRE ET PHOTOGRAPHIER
Je suis peintre et j’utilise la photographie. Ces deux médiums dialoguent et forment miroir l’un pour l’autre. Les territoires liés à l’eau sont mes espaces de travail. Ces espaces ne sont pas que des thématiques, je veux parler du lien qu’entretient l’homme avec ces lieux. C’est à chaque nouveau projet l’occasion de faire des portraits, de l’homme et de sa relation à ces espaces.


L’EAU, MOUVEMENT ET CAPRICE 2008-2013
Mer de Norvège, mer du Nord, mer Méditerranée, mer Baltique, Les Bains de Budapest, piscines, lacs et fleuves… L’eau, par ses reflets et son flux, crée d’infimes fragments d’images, frontière ténue entre le dit et le non-dit, le visible et l’invisible. Ces pièces évoquent le mouvement incessant, la vie et son contraire : l’évocation de la disparition et, métaphoriquement, la complexité du langage. Au bord de la mer du Nord, mer de Norvège, ou mer Méditerranée, j’ai marché derrière ceux qui marchaient devant moi, saisissant leur trace, comme leur reflet, dans la mer s’étalant sur le sable. L’eau fabrique des mutations infinies et imprévisibles, les apparences se font et se défont, les visages et les corps immergés se déforment, se dédoublent, se réduisent à des membres déstructurés. Le passage de la forme à l’informe, le va et vient d’une apparence à une autre, sont saisis dans le temps de la photographie. Toutes les séries « des corps sous l’eau » montrent et révèlent une transformation par la matière de l’eau qui s’opère sur des corps vivants et immergés. Une confrontation mystérieuse qui ramène à nos origines dans le corps de la mère. Et qui crée aussi des portraits au-delà des apparences : graphies, méandres, torsions, expansions, liquéfactions, métamorphoses... La peinture épouse le rythme des mouvements du corps et de l’eau. Elle vient en contre point. Elle recherche l’osmose dans les silences des dessous et des immersions.


INSTANTS !
Deux temps se confrontent ainsi :
Un premier temps PHOTOGRAPHIQUE : temps qui révèle et questionne la réalité du monde, une réalité qui se retrouve dans un extraordinaire moment de l’éphémère, de l’instant vécu. De ce quelque chose qui va disparaître aussitôt. Aussi la photographie incarne l’idéal de la pensée et témoigne de l’indicible, elle agit comme le prolongement de l’œil. Le deuxième temps est celui de la PEINTURE. Peinture dans l’atelier, il est le temps de la mémoire, du geste, de la construction, de l’errance poétique, et du récit. Un dialogue fait de superpositions, de juxtapositions, où la peinture vient interroger la photographie. Elle est une suite nécessaire. Piscines et bords de mer, de la même façon, s’appréhendent par les pas, le déplacement. Au bord de la mer du Nord, mer de Norvège, ou mer Méditerranée, j’ai marché derrière ceux qui marchaient devant moi, saisissant leur trace, comme leur reflet, dans la mer s’étalant sur le sable.